Maii l’Autodidacte, quand la passion est plus forte que la raison

« La passion devient une force lorsqu’elle trouve une issue dans le travail de notre bras, l’adresse de notre main, ou l’activité créatrice de notre esprit »; disait la romancière anglaise George Eliot. En lisant cette assertion que je partage parallèlement avec vous, j’ai pensé à cette dame qui tient une belle boutique à l’avenue commerciale de Facebook. Son originalité est d’un autre genre. Elle allie créativité et simplicité, mais avec une originalité qu’on ne voit pas toujours. Son histoire est peu conventionnelle, elle ne suit aucune convention d’ailleurs. Je vous laisse lire, pendant que je reluque ses capes ciblées dans sa boutique. Maii l’Autodidacte se raconte!

Bonjour Maii, et merci d’avoir accepté de nous accueillir dans ton monde. Alors dis-nous, qui est Maii l’Autodidacte ?
Hello, je suis Maiawe Hermine, la passionnée de mode qui après son Master 1 en Relations Internationales, décide de vivre son rêve…

Maiawe Hermine

Pourquoi le nom Mai l’Autodidacte ?
Je me fais appeler Maii L’autodidacte sur les réseaux sociaux parce que cette appellation me défini le mieux : Maii parce qu’on m’a le plus souvent appelé comme ça à l’école. Mes camarades et professeurs trouvaient la prononciation de mon nom difficile, et pourtant c’est simple lol 《Maï》,《awe》..😄
L’autodidacte tout simplement parce que je n’ai aucun diplôme dans le cadre de ma profession, j’ai appris dans le tas.
Raconte-nous ton parcours : quel a été le déclic ? As-tu appris le métier ? Où c’est juste un hobby devenu une passion et finalement une activité à plein temps ?
Alors mon amour pour la mode commence dès le bas âge grâce à une camarade qui faisait de beaux dessins en CM1. C’est ainsi que j’ai pris goût pour le dessin et je gribouillais par-ci par-là, regardait les défilés de mode, feuilletais les magazines Amina de la voisine… C’est en classe de seconde que j’ai eu la « révélation ». C’était un jour comme un autre pendant une permanence. Mes voisines de derrière parlaient de mode lorsqu’une a dit : « je dessine et je donne au couturier, il coud. » Cette phrase a tiqué dans ma tête…et je me suis dit et pourquoi pas moi ?!

Les capes ciblées

Le même jour, je suis rentrée à la maison, j’ai pris un papier de format et je me suis mise à dessiner une sorte de robe avec bottes (dessin ci-dessous) mon petit frère et ma petite sœur m’ont demandé en se moquant, tu crois que tu peux être comme « phénomène Raven « ? J’ai juste souris, et c’est depuis ce jour que j’ai commencé à nourrir ce rêve.
Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai dit à mon père voilà, j’aimerais faire le stylisme. Au fond de moi je savais qu’il allait refuser vu que j’ai vu le parcours de mes aînés diplômés de l’université ou travaillant à la fonction publique. J’ai fait Droit, puis j’ai obtenu une licence en Sciences politiques et Master 1 en Relations Internationales. J’ai fait quelques concours, je me suis mariée et j’avais toujours cette impression que quelque chose me manquait. Et oui ! Je sentais simplement mon rêve s’éloigner. Dès cet instant j’ai décidé que plus personne ne décidera de mon bonheur. Mon mari m’a acheté ma première machine à coudre et m’a donné l’argent pour aller me former chez une dame au quartier. J’y suis allée, mais je n’ai pas pu tenir un mois. J’avais cet impression de perdre mon temps. Je me suis tournée vers internet et c’est à travers des tutoriels de couture, des vidéos sur YouTube et autres que j’ai appris.

En te suivant sur Facebook, nous avons remarqué que tu associes le recyclage à tes créations. Peux-tu nous en dire plus ?
En effet, j’ai toujours utilisé mes chutes de tissu pour la confection des accessoires et vêtements, je ne pensais pas vraiment environnement. Je voulais juste éviter le gaspillage et avoir des pièces encore originales. Une étudiante m’avait approché dans le cadre de son sujet de mémoire pour sa soutenance: industrie d’habillement et pollution, si je ne me trompe pas. Elle m’a fait comprendre que le textile est l’un des plus grands polluants de l’environnement, d’où l’importance de recycler. Je me suis donc dit que je devais m’impliquer à mon niveau pour la protection de l’environnement. Je le faisais déjà et maintenant je dois sensibiliser mes collègues. C’est pourquoi dans mes publications, je propose même de racheter leurs chutes de tissus.
A qui s’adressent tes créations et quelles valeurs veux-tu transmettre à travers elles ?
Comme je le dis toujours, pour être stylée, pas besoin de suivre la tendance. Mes créations sont idéales pour les dames qui ont ce petit côté artistique, qui n’ont pas peur d’essayer de nouveaux styles. Pour la working girl qui est toujours speed dans ses activités et qui n’a pas le temps de se créer un style qui la démarque. C’est pratique d’opter pour une cape ciblée rose par exemple, facile à porter et en quelques minutes elle est prête et stylée.

A quoi ressemble une journée avec Maii en tant que fashionpreneur, mère et épouse ?
Porter ces trois casquettes aujourd’hui n’est pas facile. Je n’ai pas encore trouvé l’équilibre, chaque jour à ces challenges. Dès qu’il peut, mon mari n’hésite pas à me donner des coups de main et ça me permet de me consacrer davantage à ma passion.
Quelle est la réalisation dont tu es la plus fière ?
Toutes mes réalisations sont spéciales parce que chaque pièce est faite avec amour. Mais cette jacket que j’ai réalisé avec les chutes de tissus m’a pris deux semaines et dans ma tête je suis parti de l’idée d’un effet fourrure mais en tissus et j’ai eu le résultat escompté. J’éprouve beaucoup de satisfaction en la regardant, c’est pourquoi j’ai beaucoup de mal à la vendre.


Être entrepreneur en Afrique, produire localement et fidéliser sa clientèle ne sont pas toujours chose évidente. Quelles difficultés rencontres-tu aujourd’hui, en particulier dans le contexte camerounais ?
En ce moment le Made in Turkey et la fripperie innondent le marché Camerounais. Le made in Cameroun a du mal à se positionner. Le client qui trouve que ton vêtement est trop cher comparé à tel autre habit qu’il a acheté. Il ne comprend pas que tu ne produis pas en série et ne tient pas compte du matériel et du temps pour une création.
As-tu des projets en vue ? Souhaiterais-tu les partager avec nos lecteurs ?
Si DIEU le veut en 2024, j’aimerais organiser mon premier défilé de mode.

Un mot pour ceux qui te lisent et qui souhaiteraient faire ce que tu fais…
La passion à cette force qui vous amène à vous surpasser, voir réaliser même l’impossible. Nourrissez-la, cultivez-la dès que vous le pouvez. C’est de cette façon qu’on parvient à atteindre ses objectifs.
Merci d’avoir partagé avec nous ton parcours et ton histoire. Nous te souhaitons bon vent pour la suite.
C’est moi qui te remercie 🙏

N’hésitez pas à la contacter sur sa page Facebook Maii Wore pour vous procurer ses jolies capes ciblées, des robes patchwork, et des accessoires. Faites un geste pour la protection de l’environnement et refilez-lui vos chutes de tissu pour la confection de vos vestes « trendy » et stylées.

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