Ah, vraiment, moi-même je confirme que j’aime marcher ! Me voici donc à l’aéroport d’Instagram, attendant mon vol pour Cotonou. Il faut savoir qu’à l’aéroport Instagram, vous ne pouvez pas vous ennuyer : vous pouvez faire du lèche-vitrines à volonté, il y a de nombreuses boutiques de mode, les restaurants à n’en plus finir, les Drinkshop… Bref, j’ai failli rater mon vol ! Je me suis arrêté chez La Mbangalaise, une marque qui a particulièrement attiré mon attention. A la lecture du nom sur l’enseigne remarquable et originale de la boutique, ma curiosité légendaire et mon intuition qui ne me trompent jamais m’ont poussée à aller à la rencontre de la personne qui se cache derrière ce fabuleux concept ! Je suis contente de ne pas m’être trompée…. Corinne Ndi, fondatrice et créatrice de La Mbangalaise en a à revendre. Je partage avec vous notre échange !
Bonjour à vous et merci de nous accorder cet entretien.
Bonjour Mona, c’est moi qui vous remercie pour l’intérêt.
C’est curieux mais pourquoi avoir choisi pour nom de marque : La MBANGALAISE ?
Ahahah « La Mbangalaise » parce que je suis une habitante/ressortissante de Mbanga, localité du Moungo dans le Littoral. Mais ce nom vient des internes de mon ancien collège. Étant dans un collège catholique qui avait un internat, la majorité de ces internes nous appelaient Les Mbangalais(es) pour nous rabaisser la plupart du temps, nous insulter. Pour eux, être Mbangalais ne se limitait qu’à faire du champ, être sale, être bête, être laide, etc. Et donc quand j’ai eu cette autre passion, j’ai décidé de la nommer LA MBANGALAISE. Une façon pour moi d’assumer d’où je viens, d’assumer qui je suis et ce que je fais, de dire qu’on peut être Mbangalais(e) et être intelligent, propre, belle, jolie et faire de magnifiques choses en plus du champ.
Racontez-nous votre histoire, votre parcours. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la mode ?
Vraiment, l’activité que je pratique aujourd’hui est partie d’un délire, de l’ennui et je n’avais jamais rêvé d’en faire un business. C’était lors de mes congés à la maison (à Mbanga) et je m’ennuyais énormément. Vu que ma mère est couturière, forcément il y a des chutes de tissus et une machine à coudre à la maison. J’avais une de mes chemises en jeans que je venais d’acheter et j’ai commencé à coudre ces chutes de tissus sur cette chemise et ça a donné une sorte de patchwork. Et je me suis dit »Woh! Corinne il n’y a que moi pour aimer ce genre de « folie » ». Mais bizarrement, c’était le contraire quand je suis revenu de mes congés. Après avoir posté sur Facebook et en statut WhatsApp une photo de moi avec cette chemise, j’ai reçu des appréciations et des questions du genre « où as-tu trouvé ta chemise ? », « je veux la même, je fais comment ? » et c’est comme ça que DUPERAL la toute première personne à passer la commande poste une photo lui à son tour et c’était parti. De bouche à oreille, le délire s’est transformé en business aujourd’hui.
Un tour sur vos réseaux sociaux nous permet de constater que vous redonnez vie à des vêtements et accessoires qui ont perdu de leur superbe. Quelles sont les méthodes ou techniques que vous utilisez dans la création de vos articles et accessoires ?
Oui, effectivement, je redonne une nouvelle vie à des vêtements neuf comme vieux. Pour la plupart du temps, je fais un mélange de jeans et du tissus pagnes aux imprimés africains. Petite précision : je tiens à rappeler que je customise uniquement les chemises en jeans, les vestes en jeans et t-shirts. Le reste de mbangalaiseries (articles) est entièrement confectionné par La Mbangalaise.
Quels sont les différents articles ou « Mbagalaiseries » que vous proposez à vos clients ? Avez-vous des collections ? Et comment faire pour les acquérir ?
La Mbangalaise propose une panoplie de mbangalaiseries à ses audacieux/audacieuses et potentiels audacieux (c’est comme ça que j’appelle ceux qui ont l’audace de s’assumer et qui prennent sur eux de porter les mbangalaiseries). Notamment, des vestes en jeans, des chemises en jeans, des T-shirts customisés, des kimonos, des sacs à main, des pochettes, des sacoches, des bonnets, etc. Pour des collections, il y en a pour tout le monde : homme, femme, enfant, et même les couples. Chez La Mbangalaise, chacun trouve son compte, des créations pour des personnes extraordinaires, extraverties, sobres…
Jusqu’ici quels ont été vos challenges ? Vos meilleurs moments, vos fâcheuses expériences… ? Est-il facile d’être fashionpreneur (entrepreneur de la mode) au Cameroun ?
Comme dans toute activité, il y a toujours des hauts et des bas. Comme challenges ou fâcheuse expérience, la rareté de la matière première à certaines périodes, la cherté de la matière première impacte sur le produit final. La non maîtrise de sa taille par certains clients (dans cette situation, le client n’est pas toujours satisfait, soit l’article est très grand ou très petit. Heureusement Chez La Mbangalaise il y a un service après-vente, on trouve toujours un moyen de satisfaire le client). Mes meilleurs moments : être en contact direct avec les audacieux/audacieuses pendant les expositions et foires. Un autre meilleur moment, c’est quand je lis la satisfaction du client, il n’y a pas de motivation qui soit plus belle que ça ! Cette satisfaction-là.
En dehors de la mode, avez-vous d’autres activités ? Si vous n’étiez pas entrepreneur de la mode quelle autre activité auriez-vous choisi ?
En dehors de la mode, je suis bénévole pour la promotion de la musique camerounaise. Si je n’étais pas »entrepreneure » de la mode, je serais communicatrice événementielle vu que j’ai une formation en communication événementielle et en communication d’entreprise.
Au regard du paysage de l’industrie de la mode au Cameroun, notamment à Douala ou vous êtes basée, est ‘il évident de fidéliser sa clientèle ? N’avez-vous pas peur de la concurrence ?
Comme j’ai l’habitude de dire, la concurrence a sa place. Grâce à elle, je me surpasse encore plus pour offrir un meilleur service à mes clients. Une chose est sûre, si on me laisse tous les clients de Douala, je ne pourrais pas répondre à tout leur besoin. C’est à moi de pousser le client à revenir le plus souvent chez moi grâce à l’originalité de mes créations, la qualité des mbangalaiseries, le SAV, la sympathie, les moyens de distribution et quelques petites stratégies que je ne dévoilerais pas ici.
Un mot de fin pour tous vos nombreux clients, amis et followers qui vous suivent…et pourquoi pas un mot pour les autres jeunes entrepreneurs qui aspirent à devenir comme vous ?
Je souhaite dire infiniment merci à toutes les personnes qui me soutiennent financièrement comme moralement. Merci pour votre patience et fidélité, merci pour toutes les recommandations. Maintenant à ces personnes qui aspirent devenir comme moi, n’aspirez pas à devenir comme moi, souhaitez être la meilleure version de vous en vous inspirant peut-être de moi ou quelqu’un d’autre et surtout faite une activité que vous aimez, une activité que vous êtes capable de faire H24 sans contrainte. Une dernière chose, en plus d’utiliser Internet pour »tchatcher », utilisez-le aussi pour vous former, il y a tout sur Internet il suffit de chercher. Je me forme à 60% sur Internet grâce aux tutos.
Merci pour votre disponibilité, bon courage et bon vent pour la suite !
Merci beaucoup à vous et merci encore pour l’intérêt. Bon courage également à vous !
Cet entretien m’émeut particulièrement. Les mots que nous utilisons souvent envers les autres peuvent détruire ou élever. Beaucoup se seraient lamentés ou auraient riposté, mais Corinne a fait des propos moqueurs et injurieux, une force intrépide. Grâce à ces moqueries et sarcasmes, elle a créé une marque qui non seulement rend hommage à la ville d’où elle vient, mais qui lui permet de s’affirmer en tant que fashionpreneur et d’en vivre. Abonnez-vous et visitez les pages Facebook et Instagram de La Mbangalaise pour passer vos commandes.